samedi 21 juin 2008

Pourquoi, du jour au lendemain, j'ai décidé que j'aimais l'art contemporain

Suite au commentaire plus que constructif de Karine, je répondrai à sa question pour éclairer vos/mes lanternes. Car en effet, en parlant de l'expo du MACM, à part de dire que c'était absurde et étrange, et que donc j'aimais ça, je n'ai pas dit grand chose!

Donc : Pourquoi j'aime l'art contemporain. Tout d'abord, je dirais que c'est avant tout l'originalité des oeuvres qui m'attire. J'adore ce qui m'accroche au premier coup d'oeil, justement parce que c'est étrange ou absurde, que j'aime ou que je n'aime pas. Ensuite, j'adore découvrir ce que l'artiste cherche à dire avec son oeuvre, qui souvent au premier regard ne laisse pas trop d'indices. Ce que je reprochais à l'art contemporain avant, c'est-à-dire d'être trop hermétique et de devoir faire des recherches pour le comprendre, est ce qui aujourd'hui me passione. J'adore l'art conceptuel, j'adore ne pas comprendre mais être tout de même touchée, et j'adore par-dessus tout découvrir les univers que créent pour nous les artistes. Bref, j'aime cette approche en "deux étapes" que nous offre l'art contemporain : la première étant celle de l'incompréhension, du simple jugement esthétique ou formel, et la seconde étant celle de l'exploration, de la découverte du second degré. Chose que nous offre évidemment l'art de toutes époques, mais peut-être de façon moins tranchante (le souci esthétique étant par exemple presque toujours présent, au contraire de l'ac)

Par exemple, quand j'ai vu le truc de Stratmann mardi dernier, j'ai trouvé ça totalement moche : un genre de guidon de métal sur roulettes en cinq exemplaires, dans une pièce blanche au plancher de béton gris. Mais je me disais que ça ne pouvait pas être juste moche. Donc je me suis assise, j'ai lu le livre qu'il y avait sur lui, et j'ai adoré son idée de faire des objets qui nous servent à regarder, et non qu'on ne fait QUE regarder.

Aussi, je dirais que ce qui me plaît le plus, ce sont définitivement les installations, parce qu'elles sont souvent des univers à elles seules (comme dans le cas de Emin) et qu'elles nous invitent à les parcourir. C'est qui m'interpellent le plus et c'est ce que je souhaite un jour faire, si artiste je deviens. Quelque chose qui vient toucher l'intimité du spectateur, qui l'incite à entrer en lui-même, à reconnaître ses propres émotions à cause de ce qui l'entoure. Comme peut le faire un très bon film ou une très bonne chanson, simplement à cause de l'agencement réussi de la mélodie, des paroles et parfois des images, rendant même le récit secondaire au reste. (C'est la première fois que je parle de ce que je veux faire, c'est étrange ;) )

J'espère avoir bien répondu!

3 commentaires:

Noémiii a dit…

ooooo!!! C'était une bonne question et j'aime beaucoup la réponse !!

Stephane a dit…

Inversement, ne trouve tu pas que toutes ces qualités sont aussi les grandes lacunes de l'arts 'contemporains'?

J'aime énormément les principes fondamentaux, mais j'ai trop souvent l'impression d'assister à l'exposition d'une poignée d'oportuniste qui voit dans l'ouverture du 'contemporain' une façon facile de faire la 'piasse'

C'est de plus en plus difficile de cerner les réelles intentions artistiques des venue mercantiles et, décidément, c'est ce qui m'oblige à conserer une coudée de distance avec le milieu artistique (travaillant dans une Galerie moi-même)

M'enfin, keep it up...j'aime bien ta réponse à la question.

Sof a dit…

Tout d'abord : Yé, un lecteur inconnu! ;)

Je suis tout à fait d'accord pour dire que l'art contemporain à quelque chose de très opportuniste; d'ailleurs, c'était aussi une de mes premières critiques quand je voyais une oeuvre que je n'aimais pas, ou que je trouvais trop simpliste. Jeff Koons est un exemple parfait : ses oeuvres valent des millions de dollars et plusieurs critiques s'acharnent à dire qu'il rit du milieu de l'art en les exposant.

C'est toutefois en discutant avec une commissaire et prof à moi, qui est assez experte dans le domaine de l'art contemporain, que j'en suis venue à comprendre un principe tout simple : pour qu'une oeuvre d'art soit reconnue, il faut simplement qu'au bout du compte, on la désigne comme telle. Il en va de même pour la marché de l'art, où plusieurs personnes sont prêtes à payer des milliers de dollars pour un concept ou tout simplement une peinture qui leur plaît.

Même si cette logique peut faire grincer des dents, c'est aussi elle qui permet aux artistes de nous surprendre toujours plus, en poussant toujours plus loin l'audace.

Je rajouterais aussi que, étant étudiante en littérature, je suis confrontée aux mêmes problèmes que ceux en art : qu'est-ce qui fait qu'un livre est littéraire (question qu'on se pose dans tous nos cours)? Quelles sont les qualités d'un bon livre? Les réponses à ses questions sont à la fois vagues et fixes; des critères existent, mais ne font pas qu'un livre est bon parce qu'il les utilise. Je pense que l'art contemporain possède aussi son lot de critères, qui sont seulement assez difficilement saisissables pour le spectateur moyen, mais probablement très clairs chez les spécialistes.

Bref, je me dis parfois que j'aime mieux ne pas chercher trop loin la véracité de la démarche et plutôt simplement profiter du spectacle!